Dr AJAHOUNG SONKENG Sébastien
Dr. Ajahoung Sonkeng SÉBASTIEN
Titre de la contribution
« Transition énergétique, mines africaines, enjeux géopolitiques et rôle de l’innovation locale »

Biographie de l’auteur

Dr Sébastien AJAHOUNG SONKENG, docteur en Science Politique (Relations Internationales) depuis 2024, est spécialiste de la gouvernance et géopolitique des ressources minières en Afrique. Ancien coordinateur de programmes à Standard Bilingual Academic Complex (2020-2023), il enseigne actuellement dans des instituts privés. Il est membre de plusieurs centres de recherche et a publié de nombreux travaux sur l’exploitation minière au Cameroun et la géopolitique africaine. Il participe régulièrement à des conférences internationales, dont un forum stratégique en 2025 sur les ressources africaines.

Résumé de la contribution

L’essor des combustibles fossiles a largement soutenu la révolution industrielle et la croissance économique mondiale, mais il est aujourd’hui remis en cause par les enjeux majeurs du changement climatique. La transition énergétique mondiale vers des énergies renouvelables nécessite des métaux critiques (lithium, cobalt, nickel, terres rares, etc.), dont l’Afrique détient d’importantes réserves. Cette centralité géologique impose à l’Afrique un rôle stratégique dans la nouvelle géopolitique mondiale, mais expose aussi le continent à des convoitises internationales, rivalités géopolitiques et risques de néocolonialisme extractif.

Les grandes puissances (Chine, États-Unis, Russie, Union européenne) investissent en Afrique pour sécuriser leur approvisionnement, mais ces dynamiques menacent la souveraineté des États africains, renforcent la dépendance économique, favorisent les conflits et la détérioration environnementale. La gouvernance minière reste souvent faible, et les modèles d’exploitation privilégient l’exportation de matières premières non transformées, avec peu de bénéfices locaux.

Face à ces défis, l’innovation locale apparaît comme un levier vital pour inverser la tendance. Le développement technologique, industriel, institutionnel et social en Afrique peut permettre de valoriser localement les ressources, de monter dans la chaîne de valeur, d’améliorer la souveraineté énergétique et technologique, et ainsi d’inscrire le continent dans une transition juste et durable. Cela nécessite néanmoins des politiques publiques solides, une meilleure gouvernance, une coopération régionale accrue, des investissements dans la formation et la recherche, ainsi qu’une vision stratégique claire portée par les acteurs africains eux-mêmes.

L’Afrique peut ainsi passer d’un statut de fournisseur de ressources brutes à celui d’acteur clé de la transition énergétique mondiale, en renforçant son autonomie énergétique et industrielle. Ce changement est crucial non seulement pour son développement durable, mais aussi pour réduire les effets pervers des luttes géopolitiques autour des ressources et éviter une nouvelle forme de colonisation.

En conclusion, la transition énergétique, au-delà d’un enjeu environnemental, est une véritable question géopolitique qui place l’Afrique au centre des débats mondiaux. L’avenir énergétique du continent dépendra de sa capacité à impulser une innovation locale intégrée à une gouvernance équitable, garantissant transparence, souveraineté et justice sociale.