Dr. Issa Isaac SISSOKHO
Dr. Issa Isaac SISSOKHO
Titre de la contribution
« Analyse Paradigmatique de la Transformation Numérique au Sénégal »

Biographie de l’auteur

Dr. Issa Isaac SISSOKHO est expert juridique spécialisé dans la régulation des télécommunications, des TIC et des services postaux au Sénégal. Chevalier de l’Ordre National du LION, il est titulaire d’un Doctorat d’État en Droit Privé de l’UCAD, d’un Diplôme Supérieur en Intelligence Économique de l’École de Guerre Économique de Paris, et d’un diplôme en Droit des Entreprises publiques de l’Université de Sceaux Paris XI.

Ancien haut fonctionnaire, il occupe aujourd’hui le poste de Directeur de l’Intelligence Stratégique et de la Coopération Internationale à l’ARTP. Il a également représenté le Sénégal à l’UIT, notamment en tant que Vice-Président de la Conférence de Plénipotentiaires en 2014.

Enseignant au niveau master depuis 2008, il dirige le Master II en Droit et Économie de la Régulation des Télécommunications/TIC à l’Institut EDGE. Auteur prolifique, il a publié de nombreux ouvrages et articles sur la régulation et l’économie numérique.

Résumé de la contribution 

Cette étude présente la transformation numérique du Sénégal comme un laboratoire pour le développement durable en Afrique subsaharienne. La vision 2050 mise sur l’intelligence artificielle et l’innovation numérique pour créer 500 000 emplois et réduire les inégalités. Malgré une pénétration d’internet de 116,55%, des fractures numériques persistent selon les zones, genres et classes sociales. Le défi est de bâtir un cadre réglementaire éthique conciliant innovation, justice sociale et durabilité, afin de faire de l’Afrique un acteur souverain de la révolution numérique.

L’Afrique subsaharienne est à un tournant où technologie et développement durable redéfinissent les modèles socio-économiques. Le Sénégal incarne cette mutation avec sa stratégie 2050.

La recherche interroge la capacité à faire de l’innovation numérique un facteur de développement durable, malgré les fractures historiques et les défis mondiaux. La création d’emplois, évaluée à 300 000 par an et 500 000 d’ici 2050, est au cœur des enjeux.

L’innovation technologique, notamment l’intelligence artificielle, peut catalyser un développement inclusif si elle s’appuie sur un cadre institutionnel adaptatif et une gouvernance éthique.

Le numérique devient un levier clé de productivité et de transformation sociale, selon une logique de catalysation dépassant la simple diffusion technologique.

La vision 2050 intègre l’IA comme un outil majeur pour moderniser l’administration, développer les compétences numériques et stimuler l’innovation locale.

Malgré un taux d’accès internet élevé, les disparités sociales et territoriales persistent, avec des inégalités liées au revenu, âge, genre, éducation, langue, lieu et accès à l’électricité.

Le marché des télécommunications est oligopolistique : Orange domine avec plus de 58% du marché mobile et quasi-totalité de l’internet fixe, ce qui limite la concurrence et l’innovation tarifaire.

Le développement de l’écosystème entrepreneurial via l’IA nécessite une intégration forte de l’éducation, de l’innovation et des infrastructures numériques, avec un focus sur la formation dès le primaire et les cursus universitaires spécialisés.

L’administration publique modernise ses services par l’automatisation, l’analyse de données massives et la personnalisation des services, avec une formation dédiée des agents publics.

Un cadre réglementaire éthique est indispensable, intégrant la protection des données, la responsabilité juridique des systèmes d’IA et une adaptation des droits de propriété intellectuelle.

Les politiques publiques doivent promouvoir l’inclusion numérique par la subvention d’équipements, l’alphabétisation dans les zones rurales, et l’adaptation des services aux personnes handicapées.

Cette expérience souligne la nécessité d’une approche multidimensionnelle intégrant technologie, société, économie et éthique pour un développement numérique durable et inclusif en Afrique.