Biographie de l’auteur
Sènami Laure Rachel SEWAI, Master en Droit privé fondamental, doctorante en droit pénal numérique à l’Université d’Abomey-Calavi, travaille sur « Le juge pénal face aux infractions numériques ». Forte d’expériences en cabinets notarials et juridiques, ainsi qu’en marchés publics, elle maîtrise la rédaction d’actes et le conseil juridique. Passionnée par les technologies, elle vise à adapter la justice pénale aux défis du numérique.
Résumé de la contribution
La justice pénale numérique à l’ère de l’intelligence artificielle se retrouve à un carrefour déterminant. D’un côté, l’intelligence artificielle ouvre des perspectives considérables pour améliorer l’efficience financière, en permettant une gestion plus rationnelle des moyens et une meilleure fluidité des procédures. De l’autre, elle confronte l’ordre juridique à des défis inédits en matière de protection des droits fondamentaux ; si l’automatisation peut réduire les coûts et accélérer le traitement des affaires, elle ne saurait se substituer aux garanties essentielles du procès équitable, telles que l’indépendance du juge, le respect de la défense ou encore la transparence des décisions. L’avenir de la justice pénale numérique dépendra ainsi de la capacité des systèmes juridiques à concilier innovation et garanties procédurales. La mise en place d’un encadrement normatif rigoureux, d’une supervision humaine effective et d’une éthique de l’intelligence artificielle constitue la condition sine qua non pour que l’efficacité recherchée ne se traduise pas, par un recul des libertés. En définitive, l’IA doit être pensée comme un instrument d’appui à la justice et non comme un facteur de déshumanisation, afin que l’équilibre entre rationalisation économique et protection des droits fondamentaux demeure au cœur de la justice pénale de demain.