JURY DE SOUTENANCE
Président du jury
Pr Rémy BAZENGUISSA GANGA, Directeur d’études à l’Ecole des Hautes études en Sciences Sociale, EHESS Paris.
Directeur de thèse
Pr Mohamed KERROU, Directeur de la recherche du CVPT.
Rapporteur
Dr. Véronique BAYER, Directrice de l’Institut de recherche et formation à l’action sociale de l’Essonne, IRFASE, Évry-Courcouronnes.
Rapporteur
Pr Brice Arsène MANKOU, Maitre de conférences Université de Laval, Québec, Directeur de l’IARPA.
Examinatrice experte
Dr. Mouna HAJIRI, Directrice des programmes du CVPT.
RÉSUMÉ
Cette thèse analyse la participation des femmes parlementaires ivoiriennes à la diplomatie parlementaire dans le cadre de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Dans un contexte post-conflit où la Côte d’Ivoire s’efforce de reconstruire ses institutions démocratiques et de renforcer sa position régionale, cette recherche examine comment les femmes parlementaires contribuent aux mécanismes de diplomatie parlementaire et influencent les dynamiques de paix, de coopération et d’intégration régionale.
L’étude s’appuie sur une approche qualitative privilégiant les entretiens semi-directifs menés auprès de trente-huit acteurs clés, incluant des femmes parlementaires ivoiriennes, des responsables institutionnels de la CEDEAO, et des experts en genre et politique. La recherche adopte une double perspective analytique, combinant le niveau national ivoirien et le cadre régional de la CEDEAO, pour comprendre les modalités d’accès, les stratégies d’influence, les obstacles rencontrés et l’impact de la participation féminine.
Les résultats révèlent que malgré une représentation numérique encore limitée, les femmes parlementaires ivoiriennes développent des approches diplomatiques spécifiques caractérisées par des styles collaboratifs, une attention particulière aux questions de paix et de réconciliation, et une capacité d’innovation dans les pratiques diplomatiques. Leur participation aux missions d’observation électorale, aux processus de médiation post-conflit et aux forums interparlementaires régionaux contribue significativement à la légitimité et à l’efficacité de la diplomatie parlementaire ouest-africaine.
Cependant, leur engagement demeure confronté à des obstacles multidimensionnels incluant des contraintes institutionnelles, des résistances socioculturelles et des logiques politiques partisanes. Les mécanismes de sélection pour les missions diplomatiques restent souvent opaques et les ressources allouées insuffisantes. L’étude met également en évidence le rôle crucial de l’Association des Femmes Parlementaires de la CEDEAO (ECOFEPA) comme plateforme de coordination et de renforcement des capacités, tout en soulignant ses limites organisationnelles et financières.
La recherche contribue théoriquement aux approches féministes des relations internationales en documentant les spécificités de la diplomatie parlementaire féminine en contexte africain. Elle enrichit également la littérature sur la représentation politique des femmes en analysant leur passage de la sphère parlementaire nationale vers l’arène diplomatique régionale. Sur le plan pratique, elle formule des recommandations pour renforcer la participation féminine, notamment par l’institutionnalisation de quotas dans les délégations diplomatiques, le développement de programmes de formation spécialisée et la création de mécanismes de financement dédiés.
Cette thèse démontre que les femmes parlementaires ivoiriennes, malgré les contraintes structurelles, constituent des actrices importantes de la diplomatie parlementaire régionale, apportant des perspectives innovantes et contribuant à la transformation des pratiques diplomatiques vers plus d’inclusivité et d’efficacité dans la gestion des enjeux de paix et de coopération en Afrique de l’Ouest.
Mots clés : diplomatie parlementaire, femmes parlementaires, genre et politique, CEDEAO, Côte d’Ivoire, intégration régionale, médiation, paix et sécurité, représentation politique, leadership féminin
